Le travail c'est la santé [Aki Enma]

"Le travail c'est la santé"... Si c'était la vérité, Suu serait en ce moment en train d'agoniser dans un lit d'hôpital. Bizarrement les gens semblaient éviter l'infirmerie -comme si on allait leur sauter dessus en criant "Mon Dieu ! Il faut vous faire vacciner ! Tout de suite !"-. De plus les quatre-vingt-dix pourcents de ces personnes étaient là pour un écorchure et non pas pour parler de leur horrible enfance, du traumatisme qu'était de voir son meilleur ami mourir sous ses yeux... Donc la jeune femme passait sa journée à faire des avions de papier avec les feuilles qui auraient dû servir à remplir le dossier de clients. L'avion s'écrasa au pied du bureau. Les feuilles cartonnées ne sont vraiment pas faites pour ça, pensa-t-elle en soupirant. Dans ces moments-là, elle aurait aimé pouvoir sortir manger quelque chose dans un restaurant ou au réfectoire aux alentours mais, à quatre heures ? De plus, si elle voulait être payée, elle ne pouvait pas déserter son poste... Haaa... soupira-t-elle, j'aurais dû faire autre chose... Genre, cuistôt ! En plus j'aurais pu bouffer...
L'avion atteint cette fois la porte. Nice one !
Elle se rendit alors compte que l'avion s'était écrasé sur le visage d'une personne qui semblait être arrivée à l'instant. Pourquoi fallait-il qu'elle arrive maintenant ? ronchonna le médecin pour elle même avant de lâcher :
Le ton était totalement détaché et les mots pas très convainquants. Elle vit son interlocuteur et se figea.

Oh... Je dois être maudite...

Si Aki s'était rendue chez la psychologue de la Guilde, ce n'était certainement pas pour raconter sa vie de paysan ou les traumatismes imaginaires qu'elle aurait eut, non. Si elle avait choisi de passer cette porte pour entrer dans cette salle qui l'effrayait par dessus tout, c'était parce qu'elle y était obligée. Piikassa lui avait demander d'aller voir chacun des employés afin de voir s'ils travaillaient tous bien (et si ce n'était pas le cas, Bad Piika allait leur régler leur compte...). Mais jeune ninja n'avait pas envie de faire ça. "Pourquoi moi? Hiro préfère parler aux gens lui, il aurait pû le faire", se dit Aki en marmonant. En fait, ce qui la gênait vraiment, c'était d'aller voir cette... "Psy"... Comment les gens pouvaient-ils supporter de parler ainsi de leur vie à un strict inconnu? C'était invraisemblable. Mais il fallait qu'elle y aille. La jeune fille respira un bon coup puis ouvrit la porte en espérant faire ce qu'elle avait à faire le plus vite possible.

PLAF.

A peine avait-elle ouvert la porte qu'un objet volant non identifié se plantant direct en plein entre ses deux yeux. Le machin volant tomba mollement par terre et Aki réouvrit les yeux et vit alors un avion en papier à ses pieds. Lentement, elle releva la tête et fit face à l'étrange docteur qui semblait très mal à l'aise. "Oups ! Ça va?" avait demandé la jeune femme juste avant qu'Aki ne la regarde. Celle-ci la fixa de ses grands yeux rouges. Finalement, le docteur avait l'air d'avoir plus peur d'elle qu'elle du docteur. Elle ramassa l'avion et le lança à travers la pièce. Le pliage en papier fussa dans la salle en virvoltant un peu partout avant de s'écraser sur le bureau. Elle sourit:


Voyant que la psychiatre était toujours figée de peur, elle s'approcha doucement et lui demanda si ça allait... Puis, se rappelant le but de sa visite, elle annonça:


"Pas très convaincant..." se dit-elle. Mais après tout, le docteur n'avait pas de questions à poser! C'était à elle de le faire. "Bon... Dépêchons nous..."

La fille qui venait d'entrer se baissa pour ramasser l'avion et l'envoya en direction du bureau. Suu sentit ses poils se hérisser. Le bout de papier décrit plusieurs arabesques dans la pièce avant d'atterrir sur le bureau.
répondit la jeune femme.

"C'est que, comme il n'y a rien à faire..."

Encore une erreur. J'aurai mieux fait de rester au lit... Avec des tartines... Oh oui...
Elle observa la femme avec plus d'attention. Elle avait des longs cheveux ébène attachés en couettes par deux diamants rouges. Ses yeux étaient de la couleur des rubis. Le docteur vit que son interlocuteur venait de reprendre confiance. Mais une question subsistait : quelle était la raison de la venue de Aki Enma, un des quatre fondateurs de la guilde ?
La réponse ne se fit pas attendre :

Oups, pensa-t-elle, j'ai intérêt à être convaincante... Et c'est déjà mal parti...
Elle se dépêcha de fouiller dans ses tiroirs pour trouver le dossier les plus récent... il y a trois semaines. C'était vraiment mal barré...
Bon, je n'ai plus qu'à improviser...
Elle tendit à la femme quelques dossiers au hasard. Soudain, une idée germa dans la tête du médecin et ses yeux se mirent à étinceler de malice :
Elle tira la cheftaine par la main -en réprimant un frisson- et la fit s'asseoir sur la chaise de l'autre côté de son bureau.
Finalement, cette journée sera peut-être plus intéressante que prévue...

La fondatrice tremblait comme une feuille :
Son ton était mal assuré et tremblant. Un rictus sadique apparut sur le visage du médecin. Ha ! Tu t'en sortiras pas comme ça ma poulette ! Mais j'ai bien envie de m'amuser un peu avec toi avant de passer aux choses sérieuses...

"Madame ! Vous savez, je ne suis pas si vieille ! Même pas mariée ! Et appelez-moi Suu."

Tout en disant ces mots, elle s'était rapproché de sa vict... son patient et guettait sa réaction. Elle se rassit ensuite sur sa chaise, les jambes croisées et les bras derrière la tête.
Et bah, je peux être campagnarde maintenant...
Le docteur réalisa alors qu'elle parlait à son supérieur hiérarchique, et que, si elle continuait sur cette voie, elle allait prendre la porte vite-fait.

Pour en rajouter et être sûre qu'elle avait l'air inoffensive, elle se tortilla sur sa chaise en regardant ses pieds.

"S"il vous plaîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîît..."

De toutes façons, je n'arrêterai pas tant que tu n'auras pas parlé... Elle continua son manège en faisant une tête la plus mignonne possible jusqu'à que la fille cède.
Pendant que son interlocutrice parlait, elle prit un stylo et une feuille. Son air devint sérieux. Les patients étaient tellement rares, elle se devait de faire son travail sérieusement.

Mmm, phase de déni. On y arrive, lentement mais sûrement. La fille était nerveuse, son regard allait vers l'autre bout de la pièce. Elle se gratta la nuque en lâchant un rire nerveux :

Suu garda le silence pendant un moment, les yeux écarquillés. La fille, honteuse, se plaqua la tête contre le bureau. Le docteur éclata d'un rire sonore et sincère. Noon ? Rien que ça ? Ah, vraiment, je ne comprendrais jamais les humains... Mais bon, j'en suis un... Le docteur eut du mal à reprendre sa respiration et essuya les larmes qui perlaient tant il avait ri.

"E-excusez moi c'est que... enfin, voilà !"

Elle prit une profonde respiration :

"Donc c'est... de moi que vous avez peur ? Ou de mon espèce ?"

Le mot "espèce" n'était peut être pas approprié... La femme se retenait de pouffer. Je fais peur ? Dans ce cas j'aurais du l'utiliser à mon avantage... Enfin, contente-toi de faire ton boulot, Suu... Elle inspira profondément pour se redonner contenance et reprit un air sérieux.

"Est-ce que vous savez ce qui provoque cette... réaction ?"

[Court, je sais 8U.]

Quand elle vit la jeune essuyer une larme, elle fut prise de remords. Tu te ramollis Suu... En plus tu te parles à la deuxième personne... T'es grave...


Oui bon, c'est ce que je viens de dire... C'est grave, j'ai l'impression d'avoir des troubles de la personnalité multiple... Je me fais flipper moi-même...

"Je comprends."

"Vous savez, vous n'avez même pas besoin de raconter votre vie pour que je sache qui vous êtes. Cela s'appelle le langage corporel et, contrairement à la parole, il est infaillible car quasiment impossible à contrôler."

Enfin, t'en as rien à foutre je suppose, tu veux juste te tirer... Elle réfléchit un moment et dit :

"En fait, le mieux serait une démonstration. Par exemple vous ; il y a cinq minutes, vous vous débattiez. Vous avez laissé votre colère sortir et maintenant, vous essayez de vous calmer car vous avez accepté votre sort."

Elle se rendit compte que en fait, ce qu'elle avait dit n'était pas de la psychiatrie, à peine de la psychologie d'ailleurs... Bon, va falloir se rattraper !


En fait pas toujours mais bon, je suis la spécialiste. Elle prit son calepin et dit :

"Elle veut que je lui raconte ma vie?" pensa Aki. Il fallait trouver quelque chose sans importance, un détail insignifiant... Mais quoi donc? La jeune ninja réfléchit, en faisant bien attention de ne pas croiser le regard du docteur. Soudain, elle eut l'illumanation du siècle (enfin, n'exaérons rien):


C'était vraiment quelque chose que tout le monde savait, et parler de son frère ne la dérangeait pas, donc qu'importe la question que Suu pouvait poser sur lui, Aki se sentait d'attaque pour en parler. Elle reprenait peu à peu confiance en elle et se dit que ce n'était pas si terrible finalement... En tout cas, pour l'instant, elle ne s'était pas fait agressée par la psychiatre et si ça devait être le cas, son précieux kunai rangé dans sa veste la démangeait (tiens, pourquoi n'y avait-elle pas penser plus tôt?) et elle pourrait toujours s'en servir. Mais ce n'est pas ce qu'il se passa.

[Très court -<-]